Le sujet est vaste et complexe. Parler de la solitude des aînés, c’est ouvrir un large débat et entamer une véritable étude sociologique. Difficile donc d’en parler en quelques lignes.

La solitude des aînés peut se découvrir dans une chanson brillamment interprétée de Jacques Brel « Les vieux ». Dans les livres de Simenon, les personnages à 60 ans étaient déjà décrits comme des vieux, en fait plus capables de rien ou pas grand-chose. Par ailleurs, pourquoi dire maintenant des aîné•e•s, des seniors, des pensionné•e•s ou comme chez les scouts, les anciens alors que le plus souvent dans le langage courant on dit les vieux. Mais à quel âge devient-on un•e aîné•e ? À 60, 65, 67 ans, quand on prend sa pension, quand on arrête de travailler ?

On vit plus vieux maintenant et souvent malgré quelques « méhins » nombreux sont ceux qui restent en bonne forme. C’est dans les statistiques. Comme dans toutes les communes périurbaines selon la pyramide des âges, à Neupré, c’est la classe de 50 ans et plus qui est surreprésentée.

Parmi les seniors qui gardent la forme, il y en a qui sont encore fort actifs et s’investissent dans de nombreux secteurs et leur dynamisme est étonnamment efficace. Il y en a aussi qui ont des difficultés à rester dans le coup, les isolés, les malades, des personnes précarisées, ceux qui sont délaissés par leurs enfants ou sont placés dans des maisons de repos pour telle ou telle raison, bonne ou mauvaise. Il peut exister une solitude morale parfois conjuguée à une dépendance physique, etc.

Le CPAS est tout naturellement le service approprié à être à l’écoute de ces personnes. Il y a par exemple des aides familiales, d’entretien des jardins, et d’autres services encore… L’équipe liée à l’échevinat des Aînés est là aussi. Ils sont là pour aider, même s’il n’est pas toujours aisé de frapper à ces portes, par dignité, par crainte de déranger, d’embêter les services.

Ecolo ne peut que se réjouir de constater que le collège poursuit la même politique en faveur des aîné•e•s. À Neupré, en tout cas, ce ne sont pas les activités pour les seniors qui manquent. Beaucoup cependant regrettent l’abandon de la formule du voyage annuel des aînés organisée autrefois par l’Échevinat des Aînés. Cela permettait de retisser ou de raviver des liens plus étroits.

Ecolo, malheureusement, observe ici comme ailleurs en Wallonie la naissance d’une autre forme de solitude, rampante, envahissante chez de nombreux seniors, celle de se voir rejeter de la vie quotidienne par une digitalisation partout et tout le temps. L’adaptation à ce système est laborieuse et les seniors ne parviennent pas à maîtriser cet outil numérique qu’on leur impose et qui remplace des relations présentielles en relations virtuelles. Peut-on dire une déconnexion ? Cette nouvelle communication souvent véhicule des « fake news », des publicités à outrance, des messages futiles. En outre, ce tout au numérique s’avère très énergivore, chronophage et coûteux aussi, car ces outils sont assez rapidement obsolètes. Branchez-vous pour avoir l’info sur Facebook, sur Instagram, sur Messenger…, entend-on dire, contraignant donc les utilisateurs à être « scotchés » continuellement sur ces réseaux. Mais attention au piratage, attention à vos faux amis, attention à l’hameçonnage (phishing), et toutes sortes d’arnaques…

Trois exemples parmi tant d’autres.

  • En cas d’accident nucléaire, comme on a supprimé les sirènes parce que trop coûteuses à entretenir, la population sera prévenue par SMS ou par les réseaux sociaux. Si l’accident se produit la nuit, en plein sommeil, à supposer encore que le service soit activé dans les temps, avec le smartphone bien éloigné, because les ondes, où pour ceux qui ne sont pas équipés, ça va donner quoi ?
  • La déclaration fiscale, celle appelée Proposition de Déclaration Simplifiée qu’on rencontre majoritairement chez les pensionné•e•s. Une seule fois envoyée par internet, on ne la reçoit plus sous forme papier malgré le fait d’avoir coché « Papier ». Les seniors s’attendant à la recevoir l’année suivante ne voient plus rien venir. Ils se demandent pourquoi et comment ils doivent faire pour savoir où est cette déclaration dont ils ne peuvent dès lors plus en contrôler les données. Après ça, on s’étonne que 85 % de ces déclarations sont inexactes. Bien sûr, il y a des services qui peuvent vous aider. Le CPAS peut vous aider, mais il n’est pas affecté systématiquement à ce service fiscal. À l’administration fiscale, guère de changement, faites la file.
  • Le téléphone, lorsque vous voulez entrer en contact avec votre mutuelle, ou une institution bancaire ou une administration quelconque (il y a heureusement quelques exceptions), c’est parfois le parcours du combattant. Vous n’obtenez le contact qu’après avoir écouté (très) attentivement, « poussez sur 1, sur 3, sur 4. Pour réécouter, poussez sur 8 » suit alors dans la plupart des cas : « le temps d’attente est exceptionnellement long ». Les institutions bancaires sont sur ce point remarquables : il n’y a plus personne aux guichets, sauf sur rendez-vous, plus d’extraits bancaires, des payements par informatique ou alors par papier, mais à un prix unitaire exorbitant et en plus, vous payez des frais annuels.

Cette dépendance au numérique provoque chez beaucoup de seniors un fort malaise, l’effet contraire du rapprochement, finalement une solitude dans la vie quotidienne.

Pour ces aînés qui peinent dans ce dédale numérique, Ecolo propose d’imaginer un service social permanent affecté à l’aide, avec toute la prudence et la discrétion nécessaires, des personnes âgées en « solitude numérique », par rapport aux contacts administratifs et fiscaux, etc.. Un service qui permettrait d’aider ces ancien•ne•s à se dépatouiller des « comment ce qu’on fait donc maintenant ? »

Ecolo prône une plus forte solidarité intergénérationnelle et invite les citoyens à être à l’écoute des seniors en décrochage et pas seulement sur le plan digital. Les voisins sympas, ça existe. N’oublions pas que, des anciens, on peut aussi apprendre, il y en a qui dans certains domaines pourraient être des transmetteurs de savoir et d’expertise.

La faisabilité d’une ou plusieurs constructions de maisons « kangourou » intergénérationnelles doit être envisagée.

Ecolo profite de cet article pour remercier tous ceux qui, par leurs actes, aident les seniors et les autres dans les difficultés, quelles qu’elles soient. La solidarité commence par les proches avant l’appel à une institution.

 

¹ Thème imposé à tous les partis par le collège de Neupré ; un extrait est destiné à la revue communale Neupré Actualités nov-déc2021