Lors du Conseil communal du 1er février dernier, le groupe Ecolo a proposé en urgence une motion s’opposant à l’adoption du projet de loi sur les visites domiciliaires actuellement en discussion à la Chambre. Il espérait un vote unanime du Conseil à ce sujet, comme à la Ville de Liège. La majorité dominée par le MR en a décidé autrement, en refusant l’urgence, ce qui a conduit l’opposition (Ecolo, CDH, l’ex-échevin Valérie Laplanche), rejointe par l’ex-bourgmestre PS Arthur Cortis, à convoquer un Conseil communal extraordinaire le samedi 10 février avec ce seul point à l’ordre du jour.

Le groupe MR a entretemps lancé un contre-feu en proposant d’envoyer un courrier aux chefs de groupes politiques à la Chambre qui annoncerait une motion à venir, en date du 1er mars (prochain Conseil communal ordinaire), sur la question des visites domiciliaires. La Bourgmestre, V.Defrang-Firket, invite l’ensemble des conseillers à signer le jour même ce texte soutenu, selon elle, par la majorité MR-PS … Toutefois, le texte est déjà parvenu à la presse, , empêchant de facto toute possibilité d’amendement.

Or, ce texte pose des problèmes de fond aux partis de l’opposition, voire à certains conseillers PS de la majorité. Il légitime le recours aux visites domiciliaires… une fois que les autres mesures en matière de retour ont échoué. Il estime qu’une politique de retour doit s’appliquer aux personnes en situation illégale, qui ont été déboutées ou dont le titre de séjour arrive à terme sans possibilité de renouvellement: cette position, défendue notamment par Theo Francken, s’oppose à l’article 3 de la Convention européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme qui prévoit qu’on ne peut renvoyer quelqu’un dans son pays d’origine s’il y encourt potentiellement un traitement inhumain ou dégradant. En outre, il fait croire que les citoyens qui hébergeraient de bonne foi une personne en situation illégale n’encourent aucun risque: cet argument est faux puisque le projet de loi permet justement d’entrer dans le domicile d’un tiers qui hébergerait un sans-papier ayant reçu un ordre de quitter le territoire.

On comprend donc pourquoi l’opposition ne peut s’associer à ce texte qui bafoue les droits de l’homme et les libertés fondamentales, dont l’inviolabilité du domicile.

Au Conseil communal du samedi 10 février, la plupart des membres de la majorité MR-PS ont décidé de pratiquer la politique de la chaise vide, à l’exception d’Arthur Cortis et  d’Alain-Gérard Krupa, au lieu de prendre le risque de débattre de ces questions de fond, qui mettent en cause le fonctionnement démocratique de nos sociétés. Le MR de Neupré a choisi son camp: il suit la ligne dure d’un parti prétendument « libéral », en s’éloignant des positions courageuses adoptées par certains membres de ce parti. Mais ce qui surprend sans doute le plus, c’est le choix de plusieurs élus PS (dont les Echevins B.Hons et M.Lammeretz ainsi que Diana Picone, Présidente du CPAS): alors que leur parti, au niveau national, s’est opposé, sans aucune ambiguïté, au projet de loi sur les visites domiciliaires, ils sacrifient le respect des valeurs démocratiques de base en s’accrochant aux basques du MR, croyant ainsi (re)conquérir un peu de légitimité sur le plan local.

Faute de quorum, le Conseil communal de ce 10 février n’a pas pu délibérer. Soutenu par l’ensemble de l’opposition et rallié par certains membres PS de la majorité, le groupe Ecolo décide de convoquer un nouveau conseil communal en date du 19 février prochain à 19h.

Les masques tombent à Neupré: il devient difficile d’obtenir une union sacrée avec les élus du MR pour défendre les valeurs démocratiques les plus élémentaires. Gageons que les élus du PS prendront, quant à eux, leurs responsabilités. A défaut, les électeurs tireront les conclusions qui s’imposent au mois d’octobre, quand ils se rendront dans les bureaux de vote !

En annexe :

  • le mail et ses pièces jointes tel qu’envoyé par la Bourgmestre à l’ensemble des conseillers ce jeudi 8 février à 16.26
  • notre motion

Motion Ecolo visites domiciliaires
Visites domiciliaires-courrier chefs de groupe
Visites domiciliaires – motion conseil communal 1 mars 2018 (2)